Approches et méthodes
L’approche Genre
L’approche Genre met en évidence les discriminations fondées sur le sexe. Frieda l’utilise sciemment pour contrer les inégalités dans les processus sociaux et les institutions.
Le terme anglais «gender» est généralement traduit par «sexe social». Il suggère que l’appartenance sexuelle des personnes n’est pas innée. La distinction femme – homme est plutôt d’origine sociale et est née dans l’histoire. Les caractéristiques, les comportements et les attributions masculins et féminins sont donc construits et évoluent. Ils ne sont pas clairement attribués à l’un des deux sexes et ne sont pas liés à des caractéristiques biologiques, mais plutôt à des caractéristiques sociales.
Prévenir la violence grâce à la perspective de genre
Frieda mène des programmes à l’étranger dans des zones de (post)conflit. Des modèles de rôles socialement consolidés entre hommes et femmes ont éclaté dans ces régions suite à des conflits armés. Quand les victimes de la guerre rentrent chez elles, elles réclament souvent leur ancienne position au sein de la famille ou ont subi un grave traumatisme. C’est ce qui explique aussi que l’on observe une augmentation marquée de la violence domestique et sexuelle, en particulier après les conflits armés. Les programmes de Frieda visent à prévenir et à réduire la violence. Les conflits ne peuvent certes pas être fondamentalement éliminés, mais modifiés positivement avec une transformation des conflits. Cela ne peut se faire que sur la base d’une analyse contextuelle approfondie, qui intègre la perspective de genre.
Approche basée sur les droits de l’homme
Frieda met en évidence les lacunes dans l’égalité d’accès aux droits humains et développe des solutions pour les combler. L’objectif des projets de Frieda est de renforcer l’égalité des sexes, de revendiquer et de mettre en œuvre les droits des femmes.
Frieda fonde son travail sur l’approche basée sur les droits de l’humain (Human Rights Based Approach - HRBA). Elle intègre les normes internationales en vigueur en matière de droits de l’homme, conformément à la Déclaration universelle des droits de l’homme de 1948 et à plusieurs conventions, et exige leur mise en œuvre intégrale. Ces normes incluent:
la participation
l’empowerment
la responsabilité et l’État de droit
l’égalité et la non-discrimination
l’universalité et l’indivisibilité
Avec le HRBA, Frieda met en évidence les lacunes en matière d’égalité d’accès aux droits humains et développe des solutions pour les combler et atteindre une meilleure égalité des droits. Ici, le droit national, ses lacunes et sa mise en œuvre effective sont également pris en compte.
Renforcer les porteur·euse·s de droit, placer les responsables devant leurs obligations.
L’approche basée sur les droits de l’humain fait la distinction entre:
les personnes ayant des droits légaux (détenteurs de droits) et
les détenteurs d’obligations juridiques (responsables)
Les programmes de Frieda s’adressent à des groupes sociaux spécifiques dont les droits humains ne sont pas respectés ou sont réduits. La majorité des participants aux projets sont des femmes. En tant que détentrices de droits, elles sont plus fortes et peuvent faire valoir leurs droits. Dans le même temps, Frieda demande des comptes à l’État et aux autres responsables. Frieda aide les responsables à mettre en œuvre les droits de l’humain de manière globale et conformément aux normes susmentionnées
Empowerment
Les participant·e·s aux projets Frieda apprennent à appréhender et à utiliser leurs propres marges de manœuvre et ressources. Ce processus d’empowerment au niveau individuel pose les bases du changement social.
L’empowerment (en français: autonomisation) est une méthode et un objectif au cœur du travail de projet et de programme de Frieda. Il s’agit d’un processus d’acquisition de l’autonomie, en d’autres termes la capacité à surmonter le sentiment d’absence de pouvoir et d’influence, à percevoir et à utiliser ses propres marges de manœuvre et ressources. L’idée centrale est que même les personnes ayant une faible part de pouvoir ont le potentiel pour changer leurs conditions de vie. Les projets Frieda permettent d’entamer des processus d’autonomisation grâce à l’amélioration de l’accès des femmes et des jeunes aux ressources telles que l’éducation, le travail et les revenus, la justice, la santé et les services sociaux.
Les femmes, actrices du changement social
L’objectif des projets d’autonomisation de Frieda est d’apporter davantage de justice et d’égalité dans les rapports entre les sexes. Mais pour que les rapports de domination et de violence puissent être modifiés durablement, le processus d’empowerment doit se faire non seulement au niveau individuel, mais aussi au niveau collectif et sociétal. C’est pourquoi les participant·e·s aux projets Frieda sont renforcés individuellement: ils/elles sont pris·e·s en charge selon leurs besoins individuels, acquièrent des connaissances et des compétences et retrouvent ainsi une nouvelle confiance en eux/elles. Parallèlement, ils/elles nouent des contacts et s’organisent en réseaux. Ils/elles se mobilisent ensemble pour défendre leurs causes et présenter leurs revendications à leur entourage, à la société et à la politique. Ils/elles parviennent ainsi à provoquer des changements structurels et sociaux. Ils/elles jouent un rôle important en tant qu’acteurs du changement social.
Participation
Les femmes et les jeunes qui participent aux projets de Frieda sont impliqués dans toutes les phases du projet et participent activement à son élaboration. L’approche participative permet de s’assurer que leurs besoins sont pris en compte dans le projet.
Frieda réalise des projets «avec» et non «pour» les femmes et les jeunes. Les participant·e·s sont impliqué·e·s dans toutes les phases du projet, à commencer par la définition des objectifs du projet. Ils/elles sont également impliqué·e·s lorsqu’il s’agit de planifier, de mettre en œuvre et d’évaluer un projet. De plus, la répartition des rôles entre la direction du projet et les participant·e·s est peu hiérarchisée. L’approche participative garantit que les besoins des participant·e·s sont pris en compte dans les projets et qu’ils/elles puissent utiliser au mieux leurs compétences et se développer.
La participation comme condition de l’empowerment et du changement social
Frieda met en œuvre des projets participatifs en tenant compte de ses préoccupations en matière de politique de paix. Les participant·e·s aux projets participatifs font figure d’acteurs qui se développent individuellement en faisant l’expérience de l’empowerment. La participation et l’empowerment sont donc indissociables. En parallèle, ils/elles modifient leur environnement social. Les participant·e·s s’organisent en outre en réseaux afin de défendre leurs intérêts auprès de la société et de la politique. On remarque ici un grand potentiel de changement social vers plus d’égalité et de paix.
Approche psychosociale
Les personnes ayant subi des violences sont souvent traumatisées. Dans les projets Frieda, les personnes concernées bénéficient d’un soutien psychosocial qui leur permet de surmonter ce qu’elles ont vécu et de retrouver une vie autodéterminée.
Effets des conflits violents sur plusieurs générations
Les personnes qui ont vécu une guerre ou un conflit violent sont souvent traumatisées. Ces expériences traumatisantes, tant qu’elles ne sont pas surmontées, continuent à conditionner leur vie et leurs possibilités de développement. Les personnes concernées se considèrent comme des victimes passives et deviennent incapables d’agir. Le traumatisme peut également se transmettre aux générations futures, qui elles-mêmes n’ont pas vécu de conflit violent. Il en résulte une société où l’on ne parle pas de ce qui s’est passé et où règne une méfiance mutuelle. Une société marquée par l’apathie ainsi que par l’agression, un cycle de violence difficile à briser.
Application de l’approche psychosociale dans les zones de conflit et post-conflit
Dans l’approche psychosociale, il s’agit de comprendre le présent et le passé afin de pouvoir se tourner vers l’avenir. Cette approche se prête au travail de programme dans les zones de conflit et de post-conflit, car elle contribue à reconstruire et à renforcer la cohésion sociale. Les consultations et les thérapies psychosociales permettent d’établir un lien entre la réalité psychique et la réalité sociale. L’état d’esprit des personnes, leur intérieur, leurs sentiments et leurs pensées sont mis en relation avec l’environnement. Cela permet de traiter à la fois la dimension individuelle et la dimension sociale des conséquences d’un conflit violent.
La gestion des traumatismes comme condition du changement social
L’objectif est de renforcer la confiance des patient·e·s dans les autres et de rétablir les relations sociales. Le travail en groupe peut s’avérer ici efficace: on favorise les échanges sur le vécu et ses conséquences. Les patient·e·s peuvent ainsi se rendre compte qu’ils/elles ne doivent pas gérer seul·e·s leur perte et leur deuil. Ils/elles brisent le mur du silence et sortent de l’isolement. En traitant ce qu’elles ont vécu, les personnes concernées peuvent reprendre leur propre vie en main, assumer des responsabilités sociales et participer activement à la société. Il y a là un grand potentiel de déclenchement d’un processus de changement social à long terme vers la paix et la justice.
Directives
Frieda prend très au sérieux l’approche «do no harm» (ne pas nuire) et s’est donc dotée de différentes directives (polices).
Prévenir les agressions sexuelles
Frieda ne tolère aucune forme d’exploitation, d’abus ou de harcèlement sexuel. L’organisation doit faire tout ce qui est en son pouvoir pour protéger les participant·e·s au projet et les contributeur·rice·s. La politique de protection contre l’exploitation, les abus et le harcèlement sexuels PSEAH (Prevention of Sexual Exploitation, Abuse and Harrassment), s’applique à tous les contributeurs, à savoir les collaborateurs, les bénévoles, les membres du conseil d’administration, les conseillers/ères et les contractant·e·s de Frieda.
Lutte contre la corruption
Frieda ne tolère pas la corruption en lien avec son travail. Une politique de tolérance zéro est appliquée à cet égard. Tout soupçon de corruption dans les projets de Frieda peut être signalé en s’adressant à corruption@frieda.org. Frieda prend tous les soupçons au sérieux et évalue, traite, examine et fait preuve d’une grande discipline pour chaque cas en temps opportun, avec professionnalisme, transparence et équité.
Des mécanismes de plainte installés permettent et encouragent tous les contributeur·rice·s à signaler un soupçon ou un incident. L’équipe et le conseil d’administration ont reçu une formation PSEAH et de lutte contre la corruption, ainsi que sur les politiques associées.
Protection des enfants
Dans sa politique de protection de l’enfance, Frieda adhère aux valeurs suivantes:
La maltraitance et l’exploitation des enfants ne sont en aucun cas tolérables.
Les enfants ont le droit d’être protégés contre les mauvais traitements et l’exploitation (voir la Convention des Nations unies sur la protection des enfants).
Les adultes ont le devoir de protéger les enfants contre la maltraitance et l’exploitation et de prendre des mesures pour protéger l’enfant dans les cas suspects ou confirmés.
Frieda met ces valeurs en pratique en s’assurant que les collaborateur·rice·s de Frieda ainsi que ceux des organisations partenaires
sont conscients du problème de la maltraitance des enfants
minimisent les risques pour les enfants,
prennent tout soupçon au sérieux et prennent des mesures
soutiennent et protègent les personnes concernées et celles qui expriment des soupçons
coopèrent de manière appropriée lors des enquêtes
écoutent le point de vue et les souhaits des enfants et les prennent au sérieux